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Malte

Une île européenne encore très catholique

Avec ses 316 kilomètres carrés, la République de Malte constitue l’un des plus petits États européens. Cette île, voisine de la Sicile italienne, abrite plus de 400 000 habitants. Malte, indépendante depuis 1964 et constituée en République en 1974, a obtenu début janvier la présidence du Conseil de l’Union européenne pour les six prochains mois. Ironie du sort, cette ancienne colonie britannique (1800-1964) qui fait toujours partie du Commonwealth et qui entretient de très bons rapports avec le Royaume-Uni, devra gérer les prémices du Brexit à partir de mars.

Mais les singularités de cette île ne s’arrêtent pas au poste de conduite situé à droite dans les voitures, ni aux facilités fiscales offertes aux entreprises. Plus de 90% des Maltais se déclarent catholiques et le catholicisme est religion d’État. L’article 2 de la Constitution précise que l’Église catholique a « l’autorité pour enseigner ce qui est bien et ce qui est mal », même si, depuis 1991, une loi garantit à chacun la liberté de pratiquer et de manifester le culte de son choix. Cette législation a été adoptée en vue d’une adhésion à l’Union européenne, effective en 2004. L’île était déjà membre du Conseil de l’Europe depuis 1965. Les différentes ONG qui évaluent la liberté religieuse dans le monde ne relèvent pas de discriminations envers les membres de communautés religieuses minoritaires à Malte. S’il se dit que l’île compte autant d’églises catholiques que de jours de l’année, elle abrite également une mosquée, une synagogue et des temples protestants. Malte compte aussi des fidèles anglicans, grecs-catholiques et une petite communauté bahaïe (monothéisme issu de Perse, institué en 1844).

Malgré cette ouverture, certaines lois montrent que l’empreinte du catholicisme est toujours forte. La vente de pilules du lendemain ainsi que les interruptions volontaires de grossesse sont interdites à Malte, quelles que soient les circonstances. Le divorce n’est autorisé que depuis 2011 à la condition que le couple soit séparé depuis au moins 4 ans. La décision a été soumise à referendum, le gouvernement de l’époque n’y était pas favorable. Depuis 2012, de nombreuses lois en faveur des droits des personnes homosexuelles et transsexuelles ont été adoptées sous l’impulsion du parti travailliste qui est majoritaire à l’Assemblée depuis 2013. Reconnaissance des mariages homosexuels contractés à l’étranger, mise en place d’une union civile pour ces couples, égalité des droits avec les hétérosexuels concernant l’adoption et institution d’un genre indéterminé (ni homme ni femme, donc) auprès de l’administration, sont autant de législations votées ces dix dernières années. Le gouvernement a été encore plus loin en devenant, début 2017, le premier pays européen à interdire les thérapies dites « de conversion » : des traitements psychologiques et médicamenteux pour « guérir » l’orientation sexuelle de jeunes homosexuels. Les médecins contrevenants sont passibles d’un an de prison et de 10 000 euros d’amende.

Mais la réputation de Malte tient aussi à ses fameux « chevaliers ». Ils sont en fait les héritiers de l’Ordre de Saint-Jean de Jérusalem, des moines hospitaliers qui avaient construit un hôpital pour les pèlerins de Terre sainte en 1048. Ils sont érigé en ordre religieux laïc par le pape Pascal II en 1113 et sont progressivement chargés d’assurer la protection des pèlerins. À la fin des croisades (1095-1291), l’Ordre s’établit à Chypre puis à Rhodes (1310), où il hérite des biens des Templiers en 1314. Les chevaliers poursuivent la construction d’hôpitaux et le soin des malades. En 1530, Charles Quint leur offre la souveraineté de l’île de Malte où l’Ordre s’installe, jusqu’à être chassé par Napoléon Bonaparte en 1798. Depuis 1834, le siège de l’Ordre se trouve à Rome. L’ordre religieux dispose d’une « souveraineté fonctionnelle », il est devenu une organisation caritative internationale.

Fin janvier, le Grand maître de l’Ordre s’est retrouvé pris au milieu d’une querelle, attisée par un cardinal américain proche des chevaliers qui n’accepte pas les réformes du pape François. Le Grand maître Fra’ Matthew Festing a donc remis sa démission au pape. Un nouveau primat devrait bientôt être nommé.


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