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Inde : l’Uttar Pradesh, Etat-test

Regain de nationalisme hindou

L’Uttar Pradesh deviendra-t-il un État-test pour les nationalistes hindou ?

L’Uttar Pradesh est l’état coloré en rouge. Il est situé au Nord de l’Inde. Il est bordé au nord par le Népal. Dans un soucis de lisibilité, nous l’avons aggrandi sur cette carte.

La victoire écrasante du Bharatiya Janata Party (BJP) laisse peu de doute. En remportant 325 des 403 sièges du Parlement local, le parti nationaliste hindou prend la tête de l’État le plus peuplé de l’Inde avec plus de 200 millions d’habitants. Il s’agissait d’un scrutin test pour le Premier ministre Narendra Modi, issu du BJP, arrivé à la moitié de son mandat à la tête du pays. Il a d’ailleurs assisté le 19 mars au serment du tout nouveau chef de l’état d’Uttar Pradesh, Yogi Adityanath, un religieux hindou appartenant à la frange la plus radicale du parti.

Yogi Adityanath avait appelé à voter pour lui au nom de l’« Hindutva », l’hindouisation. Il prône une République de type hindouiste et souhaite, par exemple, instaurer une interdiction de l’abattre les vaches – considérées comme des animaux sacrés par les hindous. Si cette idée est bien reçue par la majorité hindoue de l’état de l’Uttar Pradesh (environ 80% des 200 millions d’habitants), elle est très mal vécue par les musulmans qui gèrent des abattoirs dans la région et exportent leur viande au Moyen-Orient. Ces travailleurs n’abattent pas de vaches, mais des buffles. Trois boucheries ont brûlé dans le district d’Hathras , à l’ouest de l’état, le 22 mars, trois jours après la prise de fonction de Yogi Adityanath.

Autres projets phares de la campagne du nouveau ministre en chef de l’État d’Uttar Pradesh : bâtir un temple hindou sur le site de la mosquée d’Ayodhya, détruite en 1992 par des extrémistes hindous. À l’époque, environ 2 000 personnes avaient péri dans des affrontements, majoritairement des musulmans. Depuis 2010 un tribunal a décidé de partager le site entre musulmans et hindous, tout projet de construction est suspendu. Yogi Adityanath propose aussi d’ériger une statue du dieu éléphant Ganesh dans chaque mosquée. Les musulmans sont les cibles privilégiées du yogi, à l’instar du Premier ministre Narendra Modi surnommé « la terreur des musulmans » depuis 2002. Lorsque ce dernier était gouverneur du Gujarat, état à louest du pays, des émeutes avaient provoqué la mort de plus de 500 musulmans et d’une centaine d’hindous. En cause, l’incendie d’un train, acte pour lequel les musulmans étaient pointés du doigt. Narendra Modi n’aurait rien fait pour éviter la folie meurtrière des émeutiers.

Aujourd’hui, Yogi Adityanath cite le Gujarat comme un État modèle dont il aimerait s’inspirer pour l’Uttar Pradesh.

Mais le nouveau ministre en chef de l’État ne se concentre pas que sur les musulmans. Il considère aussi que la religieuse Mère Teresa a participé à un complot pour convertir les hindous au christianisme. Il n’est pas très favorable aux mariages mixtes dont il estime qu’ils sont des tentatives de conversion déguisées. Pour couronner le tout, Yogi Adityanath est impliqué dans 18 affaires criminelles, dont une tentative d’assassinat en 1999.

Le religieux extrémiste arrondira-t-il les angles ou appliquera- t-il strictement son programme nationaliste ? L’incendie de trois boucheries juste après sa prise de fonctions suggère une montée des tensions à l’encontre des minorités religieuses.


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