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Portrait contrasté de l’islam en France

Selon l’étude de l’Institut Montaigne intitulée « Portrait et sociologie des Français de confession musulmane » et publiée en septembre 2016, environ 5,6% de la population se déclare musulmane, soit un peu plus de 3,3 millions de personnes.

  •  Les musulmans constituent un groupe jeune. Leur moyenne d’âge est de 35,8 ans, contre 53 pour les chrétiens et 43 pour ceux qui se déclarent « sans religion ».
  • 7,5% des répondants sont des convertis, 15% sont en situation de « “sortie” de la religion musulmane – ou de désaffiliation ». L’islam est majoritairement transmis par filiation (les deux parents sont musulmans).
  • 75% ont la nationalité française (24% par acquisition). Un quart (26%) des interrogés de cette enquête étaient de nationalité étrangère, majoritairement des pays du Maghreb, d’Afrique subsaharienne et de Turquie. Une proportion assez importante de l’échantillon. Selon l’Insee, en 2013, les personnes de nationalité étrangère résidant en France représentaient environ 6% de la population dans son ensemble.

Leurs catégories socio-professionnelles :

  •  Les croyants musulmans sont surreprésentés chez les ouvriers (24% contre 13% dans le reste de la population), ainsi que chez les inactifs (38% contre 12%). La catégorie des inactifs comprend les lycéens, les étudiants, les femmes au foyer, les jeunes en recherche d’un premier emploi. Les demandeurs d’emploi et les retraités ne figurent pas dans cette catégorie.
  • Ils sont sous-représentés chez les cadres et professions intellectuelles supérieures (4% contre 9% dans le reste de la population) ainsi que dans les professions intermédiaires (8% contre 14%).
  • Leur niveau scolaire moyen tend à se rapprocher de la moyenne nationale. Environ 12% ont obtenu un diplôme de niveau Bac +2, 20% un niveau au moins Bac +3 (dont la moitié Bac +5). Cependant, 15% n’obtiennent aucun diplôme, contre 11% de la population en général, et environ 25% ont un niveau inférieur au Bac.

Concernant leurs pratiques religieuses et leur adhésion aux principes républicains, l’Institut Montaigne distingue plusieurs catégories, rassemblées en 3 groupes.

  •  Le premier représente 46% des interrogés. Ces derniers sont considérés comme « sécularisés », cependant « ils ne renient pas pour autant leur religion, souvent identifiée au halal, et ont une pratique religieuse nettement plus régulière que la moyenne nationale ». Ce groupe est composé de près de la moitié des répondants de plus de 40 ans et un tiers des plus jeunes.
  • Le deuxième groupe est « plus composite » selon l’étude. Il réunirait 26% des répondants :

    « Fiers d’être musulmans, les individus qui le composent revendiquent la possibilité d’exprimer leur appartenance religieuse dans l’espace public. Très pieux (la charia a une grande importante pour eux, sans passer devant la loi de la République), ils sont souvent favorables à l’expression de la religion au travail, et ont très largement adopté la norme halal comme définition de “ l’être musulman ”. Ils rejettent très clairement le niqab et la polygamie et acceptent la laïcité ».

  • Le troisième groupe est composé majoritairement de jeunes « peu qualifiés et peu insérés dans l’emploi » qui vivent dans les quartiers périphériques et se caractérisent « davantage par l’usage qu’ils font de l’islam pour signifier leur révolte que par leur conservatisme ». Certains jugent que la laïcité leur permet de vivre librement leur foi, d’autres considèrent que leur religion est une affaire privée. Les auteurs de l’enquête jugent cependant qu’ils adoptent « une attitude de retrait et de séparation vis-à-vis du reste de la société » et que certains font preuve d’attitudes « autoritaires ». Ils représenteraient 28% des musulmans interrogés.

Autre point notable : 65% des répondants se disent favorables à ce qu’une femme puisse porter le voile (de type hijab), 24% pour le voile intégral. Environ 10% adoptent une attitude de retrait face à cette question, estimant que « chacun fait comme il veut ». Le port du voile est rejeté par 26% des hommes, et par 18% des femmes. 57% des répondantes de culture musulmane ne l’ont jamais porté, quand 35% des répondantes déclarent le porter de façon permanente ou épisodiquement. Parmi celles qui le portent, 76% affirment le revêtir par « obligation religieuse », 35% pour raisons de sécurité, 23% pour montrer leur appartenance à la communauté musulmane et 6% par imitation ou contrainte.

Lire l’intégralité de l’étude. Sondage réalisé auprès de 1 029 personnes se déclarant de confession ou de culture musulmane (874 s’affirment musulmanes), extraites d’un échantillon représentatif de 15 459 métropolitains, âgés de 15 ans et plus.