Accueil Laïcité Prendre de la hauteur, plus qu’une question métaphysique

Prendre de la hauteur, plus qu’une question métaphysique

La création d’une œuvre par les élèves est un objectif cher à Audrey Thaëron, enseignante des CM1 à l’école Sainte-Marthe de Grasse (Alpes-Maritimes).

« Ainsi, les apprentissages prennent du sens. Une réelle motivation peut jaillir, les questionnements peuvent surgir et créer une belle dynamique ».

Elle conduit donc chaque année un projet transdisciplinaire avec ses élèves. En 2015-2016, elle a choisi de faire travailler ses CM1 sur le thème de l’élévation. « Ce projet convoquait la lecture, l’écriture et les arts visuels », explique-t-elle, détaillant un découpage thématique en 5 temps (instant arboricole, minéral, funambule, aérien, instant sacré) qui correspondaient aux 5 périodes de l’année scolaire.

Au programme : observation de l’environnement, des textes, des aphorismes, des poèmes, et des photographies. À la fin du projet, intitulé « À la recherche des hauteurs », chacun des 30 enfants présentait un recueil réunissant ses propres travaux. Finalement, une conférence de Ferrante Ferranti à Paris a engagé Audrey Thaëron à avancer sa séquence sur la recherche du sacré afin de lui communiquer des réalisations d’élèves à partir de ses photographies. Les enfants de 9 ans ont étudié différentes œuvres du grand photographe sur des lieux sacrés, notamment au Mont-Athos, mais aussi l’abbaye de San Galgano en Toscane et le monastère Saint-Simon en Syrie.

A-t-il été difficile de parler de sacré avec des élèves de 9 ans ?

« Ils ont compris qu’il y avait différentes façons de s’élever. Pour eux, cela signifiait élever son esprit ou son cœur. Par ailleurs, certains préparaient leur première communion, il n’était donc pas difficile de les faire cheminer vers une trajectoire “spirituelle”. Ce sont des êtres ouverts, très réceptifs. Ils ont en eux une grande intériorité », explique Audrey Thaëron à propos de ses élèves.

Elle précise que « les photographies ont aidé à l’appropriation de la notion de sacré ». À lire leurs aphorismes pour Ferrante Ferranti, ils ont effectivement saisi le concept : « Il n’y a pas de meilleur endroit pour prier qu’entre les pierres », « À minuit, les cloches sonnent pour dire que les rêves commencent ».

Un visiteur inattendu

Le photographe a bien reçu les travaux des enfants. Il a contacté Audrey Thaëron, appelé les enfants pour les remercier, et leur a rendu visite lors d’un passage dans la région. En classe, il a interrogé les élèves sur les photographies à partir desquelles ils avaient travaillé :

« Ils évoquaient leurs choix timidement, leurs ressentis, leurs textes et leurs dessins. Ils pesaient leurs mots. Ferrante Ferranti écoutait très attentivement. Il avait même mémorisé des textes, des dessins et des prénoms. Ensuite, en qualité de photographe, il a pris la parole. Il a évoqué ses collections de photographies anciennes, ses coups de cœur, ses rencontres marquantes. Il nous emmenait loin, en Syrie, en Sicile, en Toscane, en Grèce … Il a conté l’histoire de ces lieux et de ces «instants décisifs» qui ont fait de certaines photographies des œuvres uniques. Il nous a parlé d’étymologies, d’art, de cadrage, de lumière, de géographie et bien sûr de certains lieux sacrés… »

Cette rencontre a beaucoup impressionné les enfants qui l’ont surnommé le « photographe au cœur d’or » selon leur enseignante.

De son côté, elle a beaucoup apprécié les interrogations et réflexions des enfants

« ils se sont questionnés sur ces lieux de prière, parfois dépouillés, parfois richement décorés, sur les liturgies, sur l’importance de la lumière ou de l’encens, sur les postures des priants ou des officiants. Certains ont ajouté que la nature pouvait aussi prendre des allures de temple ».


Consulter le livret « À la recherche des hauteurs » réalisé par les CM1 A.

On y retrouve des extraits de textes à partir desquels ils ont travaillé, leurs propres travaux d’écriture, mais aussi leurs photographies et les aphorismes réalisés à partir des photographies de ferrante ferranti.